Bibo : du théâtre pour sensibiliser les enfants aux violences

Qui est Bibo ? « Bibo, c’est vous ! », lance Fabienne, éducatrice en protection de l’enfance, « Bibo représente tous les enfants, c’est une fille, ou un garçon, il a votre âge ». Elle explique aux élèves de CM2 le déroulement de « ce spectacle un peu particulier » et fixe le cadre : écoute et bienveillance. Les enfants assistent d’abord à 7 saynètes vécues par Bibo, personnage joué tour à tour par différents professionnels. Toujours reconnaissable avec sa casquette et son costume rose brillant, Bibo se retrouve confronté à des situations complexes : victime de moqueries répétées dans la cour de récréation, d’inceste par « tonton Georges », ou contraint de se substituer à une mère dépassée. 

« Vous feriez quoi ? »

« Et vous, que feriez-vous à la place de Bibo ? », poursuit Fabienne. Dans la deuxième partie, les enfants interviennent pour aider Bibo à trouver des solutions. « Il n’y a pas de mauvaises propositions, essayez ! ». Très vite, les mains se lèvent et les enfants vont sur scène pour tester des parades. En face d’eux, les travailleurs sociaux s’adaptent, improvisent. « Le principe du théâtre est d’expérimenter par le corps, cela s’inscrit d’une autre façon dans la mémoire des enfants. On leur apprend à faire confiance à leur sentiment intérieur d’insécurité, pour savoir tirer la sonnette d’alarme s’ils le ressentent dans une autre situation », explique Aline Ganier, travailleuse sociale au Cdas de Fougères. 

Exerçant au centre départemental d’action sociale, à l’Association pour l’action sociale et éducative (APASE) ou à l’Éducation nationale, tous les professionnels ont bénéficié d’une formation de 10 jours par la compagnie Organic Bazar. Les scènes jouées ont été écrites par un comédien à partir de situations réelles. L’expérience facilite le dialogue, avec les « acteurs », entre les élèves, mais aussi avec les parents, invités dans un second temps. « Lorsque l’on débriefe avec les enfants par petits groupes, il arrive que certains se livrent... Dans ce cas les travailleurs sociaux accueillent leurs paroles et il peut y avoir par la suite un recueil d’information préoccupante », poursuit Aline Ganier. Mais « la première mission de Bibo reste la prévention », rappelle-t-elle. À Fougères, 960 enfants ont déjà fait connaissance avec « Bibo ».